Depuis 2018, les chiffres montrent que l’État français a investi des centaines de millions d’euros dans la rénovation et l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments pour réduire ses émissions de carbone et favoriser un mode de vie plus durable.
D’une part, la prise de conscience sur le changement climatique est plus forte que jamais. D’autre part, les citoyens Français sont nombreux à subir des factures de chauffage exorbitantes qui pèsent lourdement sur leurs budgets mensuels.
La conjonction de ces deux réalités a mené le Président Macron à fixer un objectif ambitieux : en finir avec les passoires thermiques, ces logements mal isolés responsables de 12 millions de situations de précarité énergétique en France, en rénovant 700 000 logements par an pendant 5 ans.
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Qu’en est-il du projet gouvernemental d’une rénovation énergétique simple et efficace ?
Complément d’enquête a voulu tester ce dispositif et a choisi pour cela une maison normande très mal isolée en performance énergétique F (note la plus mauvaise). En effet, chauffer cette passoire thermique coûte chaque année 3 000 euros en fioul. Pour financer sa rénovation énergétique, des plateformes en ligne proposent aux consommateurs des aides publiques alléchantes, tel que MaPrimeRénov’, dont l’aide peut monter jusqu’à 53 000 euros. Cependant, lors de l’enquête menée par Nolwenn Le Fustec, les équipes ont été accablées des constats suivants :
- Un démarchage téléphonique effectué par de soi-disant techniciens du bureau d’étude départemental qui se sont avérés être des vendeurs de pompes à chaleur ;
- Des installateurs qui accumulent les malfaçons alors que leur entreprise est labellisée reconnu garant de l’environnement ;
- Une attribution ubuesque de MaPrimeRénov’, due au portail informatique cumulant les bugs.
Tous ces faits illustrent un problème de taille : l’argent public est mal employé. Quelques exemples donnent raison à l’enquête de Complément d’Enquête puisqu’ils montrent que le marché propose des travaux à 9 000 euros alors que 25 000 euros sont demandés par certaines entreprises abusives.
Cela est ressorti d’une enquête menée par « Complément d’Enquête », une émission de télévision de France 2 diffusé ce jeudi 2 mars. Selon les données fournies par le rapport, pas moins de 6 milliards d’euros auraient été consacrés à cette cause depuis 2018, et 10 milliards supplémentaires seront alloués aux années 2021-2028. Malheureusement, il semble que bon nombre de ces fonds ne soient pas utilisés efficacement et qu’ils n’atteignent pas les objectifs prévus ; en effet jusqu’à 400 millions d’euros sont gaspillés dans des projets peu performants en termes d’isolation.
Les actions mises en place par l’état
Il y a deux ans, en 2018, le ministère de la Transition écologique et solidaire (MTES) lançait « Habiter Mieux », un plan de rénovation et d’amélioration des performances énergétiques des bâtiments existants. La première phase visait à financer des travaux structurants pour les logements mal isolés ou mal chauffés, en faisant appel à des professionnels du secteur du bâtiment.
En 2020, ce programme a été étendu à l’ensemble du territoire, afin de couvrir les zones urbaines et rurales. Cette même année, le gouvernement a également mis en place le dispositif « Éco-PTZ », qui offre des prêts à taux zéro aux propriétaires occupants pour financer les travaux destinés à améliorer la performance énergétique de leurs domiciles. Une prime « Ma Prime Rénov’ » a également été instaurée pour les particuliers souhaitant procéder à des travaux de rénovation visant à réduire la consommation énergétique de leur habitat (par exemple en remplaçant leurs fenêtres ou leur système de chauffage).
Le manque de cohérence entre les différents programmes
Malgré ces efforts louables, et bien que de nombreuses aides soient proposées, les programmes de rénovation énergétique connaissent encore des ratés. Les chiffres communiqués par « Complément d’Enquête » ont ainsi révélé que seuls 50% de ces aides sont effectivement utiles pour atteindre leurs objectifs. Un autre problème majeur est que, bien que le dispositif « Éco-PTZ » soit censé encourager les propriétaires à rénover leurs logements, beaucoup l’utilisent simplement pour acheter des produits énergétiquement peu performants (comme des appareils électroménagers trop gourmands en énergie).
De plus, il est possible que certains propriétaires utilisent ces prêts sans avoir recours à des professionnels qualifiés, ce qui entraîne des pertes financières. Un manque de coordination entre les différentes mesures mises en place peut enfin être constaté. Par exemple, le programme « Habiter Mieux » ne concerne que les propriétaires occupants, alors que le dispositif « Éco-PTZ » inclut également les bailleurs. Ces contradictions compliquent la mise en œuvre d’une stratégie cohérente et efficace.
Les problèmes liés aux passoires thermiques
Un autre problème récurrent est celui des « Passoires thermiques », c’est-à-dire des maisons dont la performance énergétique est très faible. Comme leur nom l’indique, ces logements sont incapables de retenir suffisamment la chaleur, ce qui entraîne des pertes calorifiques importantes et une surconsommation d’énergie.
Il est estimé qu’il y aurait encore plus de 8 millions de logements de ce type en France, ce qui représente une menace pour la santé publique et la transition énergétique. Face à ce constat alarmant, l’État a décidé en 2021 d’interdire la location des passoires thermiques à compter de 2023. Un compte personnel de rénovation énergétique (CPRE) a également été créé pour permettre aux propriétaires bailleurs et locataires d’accéder à des aides plus facilement.
Le but est de stimuler les travaux de rénovation et de remplacer progressivement ces maisons obsolètes. Depuis 2018, l’État français a dépensé des milliards d’euros pour améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments. Bien que ces efforts aient eu des résultats positifs, il semble qu’ils ne soient pas toujours suffisants et que des problèmes persistes. L’absence de coordination entre les différents programmes mis en place, ainsi que le manque de contrôle sur la manière dont les fonds sont dépensés, sont des points à améliorer dans les années à venir.
D’ici 2023, l’interdiction de la location des passoires thermiques devrait contribuer à rendre le pays plus vert et plus durable.